Do Fish Get Ever Seasick?

« Syria Art Exhibition – Do Fish Get Ever Seasick? » est organisée par Art Space DA: MDAA situé en Corée du Sud en partenariat avec SYRIA.ART.

Art Space DA: MDAA se consacre à la représentation interculturelle des arts et des artistes émergents provenant du monde entier.

Lieu : Art Space DA: MDAA, 38-38 Gil, Dongkyo-ro, Yeonam-dong, Mapo-gu, Séoul, République de Corée, 03982
Dates : 09 septembre – 14 octobre 2017

Nous sommes fiers d’annoncer que « Syria Art Exhibition – Do Fish Get Ever Seasick? » arrive prochainement à Séoul, en Corée du Sud. L’exposition est organisée par Art Space DA: MDAA en partenariat avec SYRIA.ART.

L’exposition accueille 5 artistes syriens :

Khaled Takreti
Nizar Ali Badr
Tania Al Kayyali
Noor Bahjat Almassri
Rashwan Abdelbaki

Comment Définissons-Nous Notre Maison, L’endroit Où L’on Se Sent Chez Soi ?

Par Irene H. Kim, directrice d’Art Space DA:MDAA

Vers 3000 avant Jésus-Christ, Damas qui était le berceau d’une civilisation ancienne a influencé beaucoup d’autres civilisations, tels les Hébreux, les Assyriens et les Juifs qui ont migré dans la région.

Ceci est le passé historique de la Syrie. Mais qu’est-ce qui vient à l’esprit quand on pense à la Syrie aujourd’hui ? Est-ce les réfugiés ? Les embarcations surpeuplées de migrants en Mer Méditerranée ? Ou peut-être, les villes dévastées par les bombardements ?

Les médias donnent souvent une image réductrice et préjudiciable des réfugiés, qui sont considérés comme non civilisés et comme des populations indigentes issues du tiers-monde. Eloignons-nous un instant de cette conception étroite. Considérant les œuvres vivantes des artistes syriens, j’ai essayé de changer notre mode de penser en évitant toute partialité. Certaines des œuvres de l’exposition ont été créées alors que les artistes syriens ont migré à travers de nombreux pays, tant arbitrairement qu’à contre-gré.

Plutôt que de montrer directement des images affligeantes de la guerre, je me suis concentrée sur deux choses : comment des environnements nouveaux et peu familiers ont-t-ils affecté la vie des artistes et comment leur art a-t-il engendré une hybridité culturelle et des sentiments ambivalents. Leur œuvre a une chose en commun. Tel un poisson qui ne parviendrait pas à s’adapter à la mer, qui pourtant est son habitat naturel, une personne intégrée dans un milieu nouveau pourrait malgré tout avoir du mal à s’y adapter. C’est le genre de situation sur laquelle je voulais réfléchir par rapport aux artistes syriens.

Fait intéressant, même si ces artistes proviennent du même pays, il est difficile de savoir où ils se sentent à leur place et quel est l’endroit qu’ils appellent leur chez-eux. Si la terre natale est définie comme la maison, l’endroit où l’on se sent chez soi, souhaitent-ils alors retourner dans leur pays d’origine ? Comment se définissent-ils eux-mêmes et quelle est leur appartenance ? Peut-être, ne trouverons-nous réponses à ces questions qu’à travers l’artiste et ses œuvres.

Je sais bien que, contrairement aux centres de soins médicaux et à l’assistance des ONG, l’art ne peut pas sauver des vies directement. Mais malgré ce fait, je crois que l’art a le pouvoir de changer la perception des gens vis-à-vis des réfugiés et de montrer comment la guerre peut changer une personne. Je me concentre sur la vue de l’artiste individuel plutôt que sur les stéréotypes. Les personnes confrontées pendant une longue période à une série de changements en raison de la migration ont besoin d’aide pour leur art.

 


Les ponts peuvent remplacer les murs

Texte : Khaled Youssef, co-fondateur de SYRIA.ART
Editing : Danii Kessjan

Nous empruntons tous des chemins différents, guettant les étincelles qui éclaircissent nos rêves. Il nous appartient de choisir ces rêves et de tenter de les rendre concrets, et il nous appartient aussi de redoubler d’efforts, de créer des croisements de chemins et d’unir les forces d’espoir pour combattre l’ignorance et épuiser l’impossible.

Conscient de l’accélération du temps dans l’immensité du monde et venant d’un Moyen-Orient autrefois béni par sa diversité, j’ai toujours eu soif de découvertes. Voyager à travers le monde pour tout voir, pour mieux comprendre, apprendre plus à propos de soi-même, remplir les valises de la mémoire avec les souvenirs d’ailleurs et se concentrer sur le silence intérieur. Pour faire face à toute la confusion, au chaos et à l’incertitude des temps dans lesquels nous vivons, et à s’arrêter sur le monde alentours avec un regard bienveillant et un désir insatiable de pêcher le bonheur dans les eaux du présent.

L’appareil photo est mon meilleur compagnon de voyage, mon complice pour figer l’instant et éterniser une vision, l’éphémère d’un regard, la fragilité d’un moment. C’est mon outil de prédilection pour partager mes découvertes en revenant à l’essentiel : l’émerveillement. Apprendre à s’émerveiller, reconnaître la beauté et le goût des choses simples, tout en ayant un regard personnel qui reflète une philosophie de vie. Ainsi donc, j’ai puisé dans le puits de l’enfance et j’ai été pris par les bulles de savon. Créatures iridescentes, aussi colorées que la nature, aussi éphémères que le temps qui passe et aussi fragiles que la vie : je les amène avec moi dans mes voyages pour les laisser s’envoler et s’installer où bon leur semble tout en jouant de leurs réflexions, et tout en dessinant lors de leurs passages un sourire sur les visages. Instants de joie que je tente de créer afin de voir s’illuminer les yeux d’un enfant, ces mêmes yeux de bonheur qui sont universels, peu importe nos origines, la couleur de notre peau, les traits de notre visage ou notre statut social.

Mais quand le pays natal éclate en sanglots et que le ciel se couvre de missiles et de cris, quand il ne s’agit plus d’apprécier la vie dans tous ses fragments qui nous traversent, mais de survivre aux bombes, lorsque la folie de l’Homme domine et détruit sous le prétexte trompeur de religion, de croyance, d’influence ou de divergence d’opinion, cette volonté d’émerveiller et de s’émerveiller trouve ses limites devant l’absurdité de la réalité factuelle.

Quelle réponse pouvons-nous alors apporter à cette humanité en perdition ?

L’Art est un espace merveilleux pour révéler les âmes et façonner les émotions. Il n’a fallu que peu de temps à notre petite équipe, après le début de la guerre, pour comprendre que l’Art est la meilleure réponse à la destruction, que la créativité omniprésente de nos frères et sœurs sortira vainqueur de l’ignorance et de la barbarie. La brosse de l’artiste sait redonner des couleurs à l’arc-en-ciel déchiré, sculpter des visages joyeux, et de mémoire, repeindre un jasmin arraché.

Ainsi, l’association SYRIA.ART est née avec la mission de souligner la beauté, d’attirer l’attention sur une créativité artistique diverse et variée, et d’accentuer ces murmures d’humanité afin qu’ils résonnent plus fort dans la conscience malgré le bruit d’un monde en plein désordre.

Aujourd’hui, à travers nos sites Web, nos réseaux sociaux et nos activités artistiques, nous offrons une arabesque enjouée, une promesse joyeuse faite de créativité et de volonté d’exister, de survivre et surtout de vivre et de partager pleinement. Avec la lueur de la vie dans leur cœur qui se reflète dans leurs actions et leurs œuvres, les artistes syriens écrivent l’histoire contemporaine et ses impacts humains, chacun de sa propre perspective, ils dessinent la tristesse et l’espoir, la réalité et le rêve.

L’Art sert également à éliminer la distance et à effacer les différences afin que les émotions de certains puissent se refléter dans l’étendue de l’âme des autres : c’est un infatigable voyageur qui ne connaît ni frontières ni visas.

De ce point de vue, la collaboration avec Art Space DA: MDAA semblait évidente : comme nous, ils cherchent dans l’Art un message d’espoir, comme nous, ils cherchent à faire miroiter la beauté au grand soleil, comme nous, ils s’efforcent de voir dans l’ombre sa capacité à révéler la lumière.

Le résultat de cette connexion artistique, matérialisé par cette exposition, est un joli fragment d’une humanité espérée qui s’inscrit dans une énergie positive collective, une étape conséquente dans l’échange interculturel, une preuve de plus que lorsque certains détruisent d’autres construisent, et que les ponts peuvent remplacer les murs. C’est l’un de ces chemins qui relie les peuples et les continents, sur lequel nous avançons éveillés et éclairés par l’espoir d’un avenir meilleur. Nous dessinons les traces que nous voulons laisser derrière nous et le souvenir de notre présence éphémère avec la plus belle expression humaine.

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